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Les histoires de l'Église et du christianisme publiées de nos jours utilisent, avec la circonspection qui s'impose parfois, les documents qui nous sont fournis par les historiens chrétiens des premiers siècles. Ainsi les « histoires ecclésiastiques » du IVe au VIe siècle sont-??elles devenues des sources pour la recherche moderne. Cela leur confère déjà une grande importance, mais, à la lecture des oeuvres historiques d'Eusèbe, Rufin, Jérôme ou Isidore de Séville, on pressent combien le souci de recueillir les « actes » de l'Église naissante correspond indissociablement pour eux à leur conscience d'historien et à une intention apologétique et hagiographique. L'ambition peut alors être d'écrire une histoire universelle, dont la foi au Christ donnerait en quelque sorte la clef - et les Chroniques syriennes présentées dans ces pages en sont un exemple -, ou de présenter les « hommes illustres », martyrs, évêques ou écrivains chrétiens. Mais tous ces écrits prennent une large part de leur matériau dans l'actualité même du monde où vivent leurs auteurs , aussi est-??ce d'une manière qui paraît parfois étonnamment disparate que l'« histoire ecclésiastique », ce genre littéraire inventé par Eusèbe de Césarée, englobe dans son récit les événements décisifs de l'histoire de l'empire romain, de la paix de Constantin aux invasions barbares, les progrès de l'évangélisation dans les provinces les plus lointaines, et les étapes de la définition de l'orthodoxie de la foi, au fil des conflits doctrinaux étroitement liés aux événements politiques. Dans ces différents domaines, on voit se dissocier progressivement le point de vue oriental et le point de vue occidental, et les événements rapportés par nos auteurs manifestent que se définissent différemment, de part et d'autre, les relations entre les chrétiens, les institutions ecclésiastiques peu à peu mises en place et le pouvoir politique - autant de motifs de nous faire lecteurs attentifs de ces textes !Françoise Vinel