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Si le dialogue interreligieux connaît aujourd'hui un essor remarquable, il avait également une place importante dans l'Antiquité, mais il prenait plutôt la forme de polémiques. Parmi les controverses patristiques restées célèbres, il y a celle de St Augustin avec le manichéisme. D'ailleurs, jusqu'au début du XXe siècle, le manichéisme n'était connu que par les écrits polémiques des Pères et, principalement, de St. Augustin. Ayant adhéré au manichéisme pendant dix ans en tant qu'auditeur, certes, et non en tant qu'élu, il connaissait cette doctrine de l'intérieur et malgré les critiques qu'il lui adressa après sa conversion, il constitue une source sûre, en citant fidèlement les textes, comme l'ont fait ressortir les découvertes récentes du Turfân (au début du siècle), de Tébesse en 1918, de Medinet Mâdi en 1929 et d'Oxyrynchos en 1979. Ces trois séries de découvertes ont confirmé le changement d'image que l'on avait du manichéisme. Jusqu'au XVIIe siècle, en effet, il apparaissait comme une hérésie chrétienne que les Pères ont combattue. C'est en 1728 seulement, avec Isaac de Beausobre, que les sources manichéennes ont été étudiées de manière critique et que la figure de Mani n'a plus été définie comme celle de l'hérétique, mais du fondateur de religion. Un siècle plus tard. F.C. Baur montra que la source principale du dualisme manichéen est à rechercher dans la religion de l'Inde. proche du bouddhisme. Ainsi le manichéisme prend place dans l'histoire des religions. L'assyriologie apporte des éléments complémentaires, en soulignant l'origine babylonienne de la pensée de Mani. Mais le changement décisif vient de la découverte récente des textes manichéens qui montrent que le manichéisme n'était pas tant une secte qu'une grande religion orientale, reposant, d'une part, sur des textes, consignés dans le Shabuhragan (dédié au roi Shabuhr I), les Kephalaïa , retrouvés à Medinet Mâdi et reprenant les révélations reçues par Mani, ainsi qu'une partie du Codex Mani, contenant trois fragments de l'évangile de Mani (découvert dans une tombe d'Oxyrynchos au sud du Caire), disposant, d'autre part. d'une organisation liturgique et communautaire et ayant des missionnaires qui enseignent un catéchisme, analogue à celui que l'on a retrouvé dans le Turfân. Des spécialistes du manichéisme : Jean-??Daniel Dubois, Johannes van Oort, Gregor Wurst et Madeleine Scopello rendent compte de ces découvertes. Après une présentation d'ensemble par Jean-??Daniel Dubois, Johannes van Oort s'attache plus précisément au Codex Mani, qui relate la vie de Mani. Gregor Wurst étudie le psautier manichéen et Madeleine Scopello précise un point peu connu : la place des femmes dans l'expansion du manichéisme. Puis, John Kevin Coyle traite de la polémique d'Augustin avec le manichéisme à partir de la comparaison entre les moeurs des manichéens et celles des chrétiens. En prolongement de ce dossier sur le manichéisme, dont Otto Wermelinger a été le maître d'oeuvre, Marie-??Noëlle Vignal aborde le personnage de Moïse, envisagé par Fauste, mais cette fois en fonction de Cyrille d'Alexandrie. Marie-??Anne Vannier