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Avec l'invasion russe de l'Ukraine, l'Europe qui croyait en avoir fini avec la guerre interétatique la voit resurgir. Et avec elle, les craintes de « montée aux extrêmes » et les incertitudes liées au « brouillard de la guerre ». Deux expressions du penseur de la guerre prussien Clausewitz, largement reprises par les médias. Pourtant son grand traité De la guerre a près de deux siècles. Mais sa pensée du conflit semble ne pas avoir perdu de son actualité. Certains l'ont rendu responsable des bains de sang de l'année 1914, d'autres ont jugé que le risque nucléaire lui donnait plus que jamais raison. Sa réflexion n'a pas cessé de susciter celle des militaires comme des historiens. De fait, elle ne manque pas de complexité, ni de contradictions. On en retient toutefois une leçon essentielle : la guerre est avant tout « la continuation de la politique par d'autres moyens ». Méconnu de son vivant, il a laissé une oeuvre inestimable. C'est que, en pensant l'anéantissement comme la limitation de la guerre, Clausewitz semble en avoir compris l'essence.