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Ils se désolaient, mais c'était au moins ensemble ; quand tout à coup tomba sur eux la catastrophe la plus inattendue : le pane se mit en route pour Moscou, en emmenant avec lui Ivan Zolotarenko. Celui-ci eut beau lui demander de ne pas y aller, le pane était tellement cruel, impitoyable, qu'il aurait fallu seulement s'incliner bien bas sans rien obtenir. - Adieu, les enfants ! dit Ivan en quittant sa famille, adieu mes clairs faucons ! Honorez votre mère, vivez en bonne entente entre vous, n'offensez personne. Adieu mes enfants chéris ! Et toi, chère femme, ne garde pas un mauvais souvenir de moi, malheureux que je suis, qui t'ai plongée dans un abîme, et qui maintenant t'abandonne. Je serai châtié pour faire couler tes larmes ! Olessia ne pleure pas, reste immobile, blanche comme un linge, sans détourner les yeux d'Ivan, sans se dégager de ses bras. Le pane se met à crier : - Plus vite, plus vite ! Ivan serra Olessia une dernière fois contre son coeur et partit en courant. Alors Olessia se ressaisit : il n'est plus là, il est déjà loin... seul un tourbillon de poussière marque sa trace. - Mes enfants, s'écria-t-elle, mes enfants ! Maintenant nous n'avons plus un seul défenseur, personne pour nous aider ; nous restons seuls au monde ! Cet ouvrage rassemble un choix de contes russes écrits par Alexandre Afanassiev, ainsi que le recueil des contes ukrainiens de Marko Vovtchok, traduits en russe par Ivan Tourguéniev et présentés ici en français pour la première fois. Ces derniers peignent la vie difficile, voire insupportable, d'Ukrainiens soumis à la toute puissance des propriétaires polonais.