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Chaque année, en février, Rome sacrifie des animaux à Terminus pour le remercier de surveiller ses bornes. Le dieu protège le territoire acquis, mesuré par ses arpenteurs. Les siècles passant, ceux-ci ont achevé de quadriller le monde ; il n'y a plus de terre à conquérir, d'ailleurs l'ONU l'interdit. La fin de la conquête nous laisse devant un nouvel inconnu : habitués à nous projeter toujours plus loin, l'esprit et la botte conquérants, nous ne parvenons pas à concevoir une intendance commune, une « politique intérieure mondiale », comme si l'absence de nouvelles terres à prendre avait asséché nos ressources d'imagination. Les frontières ne sont pour rien dans nos difficultés, elles sont le prétexte de nos querelles, non la cause. L'auteur défend leur innocence et raconte celles qu'elle connaît, les siennes, le long de son itinéraire personnel qui part d'un ruisseau franco-suisse pour s'en aller aux confins de l'Afrique et de la Chine. Parcourant ces cicatrices du monde, elle affirme qu'elles ne valent pas de nouveaux sacrifices : elle congédie Terminus.