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« La notice qu'on va lire est un simple exposé, sans commentaires, des circonstances qui ont marqué la grève générale des mineurs du bassin houiller du Nord de la France. Ce n'est pas au lendemain d'un mouvement aussi formidable, alors que ceux qui en ont été les auteurs ou les témoins en ont encore l'esprit troublé, qu'on peut étudier la philosophie des événements. Plus tard l'histoire impartiale abordera cette grave question et le moraliste pourra en tirer des conséquences ; mais, quelles que soient sa valeur et son autorité, il se heurtera dans cet examen à des causes si multiples, et si peu connues, qu'il lui sera bien difficile de dégager la vérité. Et, quand il sera venu à bout de cette tâche ardue, il se trouvera en présence de résultats qui étonneront bien des gens et qui le surprendront lui-même. Aussi, laissant à l'avenir le soin de juger, me bornerai-je à retracer par ordre de dates, les différentes phases d'une curieuse évolution. Dans les premiers jours de novembre, le public apprend, par les journaux que le Syndicat des mineurs a soulevé la question des grèves dans une réunion qu'il a tenue à Lens. Déjà, depuis l'origine de cette association, des grèves partielles avaient éclaté sur divers points du bassin, notamment dans les concessions de Vicoigne et de Carvin, mais elles n'avaient abouti qu'à introduire la gêne et la misère au foyer des travailleurs. Voilà, disent les chefs du Syndicat, le résultat des tentatives isolées. Si l'on veut obtenir quelque chose il faut une action d'ensemble. D'autre part, la baisse qui s'était produite dans les cours de vente du charbon avait, en ralentissant la production, un peu réagi sur le gain journalier du mineur. Les représentants du Syndicat en profitent pour faire entendre aux mineurs qu'ils sont menacés d'une diminution des salaires. Cela était faux, mais l'effet était produit et la réunion décide qu'on provoquera par un plébiscite, les populations minières à manifester leur sentiment au sujet d'une grève générale. Pendant une semaine entière les votes sont recueillis sous enveloppes par les délégués du Syndicat ouvrier. On comprendra que de singuliers abus devaient se glisser dans cette nouvelle manifestation du suffrage universel. Ainsi, voit-on des galibots âgés de quinze ans, non seulement voter, mais encore voter successivement dans des Compagnies différentes. Le dimanche, 8 novembre, a lieu dans une réunion publique des délégués à Lens, le dépouillement général du scrutin, qui donne les résultats suivants : VOTANTS : 19 008 Pour la grève : 12 183 Pour le travail : 6 708 Bulletins nuls : 117 Il convient de remarquer que trois mille ouvriers des mines de Marles qui chômaient depuis un mois n'avaient pas pris part au scrutin, et en outre, que le tiers environ des mineurs du Pas-de-Calais s'était abstenu. Aussi est-il permis de se demander si le vote proclamé traduisait bien réellement le sentiment de la majeure partie de la population ouvrière. Alors, pour justifier aux yeux du public le vote de la grève, les ouvriers élaborent un programme de revendications qui devra être présenté aux Compagnies ; et, forts du courant populaire qu'ils viennent de déterminer, les délégués annoncent que si dans huit jours, satisfaction ne leur est pas donnée, le travail cessera sur tous les points du bassin. Les réclamations adressées au Comité des houillères sont les suivantes : 1° Répartition plus équitable des salaires ; 2° Une moyenne de 5 fr. 50 par jour, prime non comprise ; 3° Réorganisation des caisses de retraites et de secours ; 4° Huit heures de travail ; 5° Réintégration des ouvriers congédiés pour faits de grève ou pour organisation de syndicat, et engagement pris par les Compagnies de ne plus congédier dorénavant d'ouvriers pour grève ou faits connexes. » La grève générale des mineurs dans le Nord & le Pas-de-Calais : 1891 Date de l'édition originale : 1892 Sujet de l'ouvrage : France (1870-1940, 3e République) Appartient à l'ensemble documentaire : NordPdeC1 Le présent ouvrage s'inscrit dans une politique de conservation patrimoniale des ouvrages de la littérature Française mise en place avec la BNF. HACHETTE LIVRE et la BNF proposent ainsi un catalogue de titres indisponibles, la BNF ayant numérisé ces œuvres et HACHETTE LIVRE les imprimant à la demande. Certains de ces ouvrages reflètent des courants de pensée caractéristiques de leur époque, mais qui seraient aujourd'hui jugés condamnables. Ils n'en appartiennent pas moins à l'histoire des idées en France et sont susceptibles de présenter un intérêt scientifique ou historique. Le sens de notre démarche éditoriale consiste ainsi à permettre l'accès à ces œuvres sans pour autant que nous en cautionnions en aucune façon le contenu. Pour plus d'informations, rendez-vous sur www.hachettebnf.fr