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ON N’EST PAS VRAIMENT FEMME AVANT D’ÊTRE MÈRE T’AS QUE 30 ANS, TU VAS CHANGER D’AVIS T’AS DÉJÀ 30 ANS, FAUT TE DÉPÊCHER ! Y A UN PÈRE ? A QUAND LE DEUXIÈME ? T’ES SÛRE, UN TROISIÈME ? AH BON, TU ALLAITES ? AH BON, TU N’ALLAITES PAS ? ÊTRE MÈRE À 20 ANS, C’EST IRRESPONSABLE ÊTRE MÈRE À 40 ANS, C’EST DANGEREUX TU VEUX PAS D’ENFANT : T’ES FÉMINISTE ? T’ES LESBIENNE ? TU VEUX PAS D’ENFANT ? JE PEUX TOUCHER TON VENTRE ? Au départ, il y avait cette question : pourquoi le fait que je ne veuille pas d’enfant pose-t-il un problème à tout le monde, sauf à moi ? J’ai trouvé la réponse : parce que je suis une femme en âge d’en avoir qui coche 100% des cases du bingo procréatif. Même 50 ans après la légalisation de la pilule et de l’avortement en France, être une femme, c’est être une mère : être nullipare, volontaire ou plus souvent, involontaire, c’est donc être reléguée en D2 de féminité. Pourtant il ne suffit pas d’être mère pour qu’on vous fiche une paix très relative - oh non… Encore faut-il être une « bonne » mère, selon des normes procréatives et éducatives de plus en plus nombreuses, rigides et contradictoires. Résultat : la plupart des mères, celles qu’on ne voit pas à la télé ni sur Instagram, sont de plus en plus épuisées tout en se sentant de moins en moins légitimes (capables?). Tant que l’on considèrera que la maternité n’est pas une option mais une preuve de la féminité, tant que la parentalité restera d’abord une affaire de femmes, donc que c’est à elles de concilier leurs douze journées, les inégalités persisteront, non seulement entre les femmes et les hommes, mais aussi et avant tout entre les femmes. A nous de décider qu’elles ne sont pas une fatalité. Fiona Schmidt est journaliste. Elle a écrit un livre de cuisine militant, Les Recettes d’une connasse (Grand Prix Eugénie Brazier 2017), et un essai sur l’évolution des rapports de séduction entre les femmes et les hommes, L’amour après #MeToo, publiés chez Hachette Pratique.