Prix public : 22,50 €
Fenwick et sa femme Susan, dans la septième année de leur mariage, font une longue croisière sur leur voilier de dix mètres, le Pokey, dans le golfe du Mexique et jusqu'au Yucatan. Le récit commence, neuf mois après, lorsqu'ils pénètrent, sur le chemin du retour, dans la baie de Chesapeake qui entaille profondément la côte est des États-Unis, à la hauteur du Maryland, lieu de toutes les fondations américaines. Là, le couple s'affaire à retarder le plus possible la fin du voyage : ils tirent des bords, bavardent inlassablement, font l'amour, évoquent la CIA et ses innombrables complots (Fenwick est un ancien officier qui a démissionné de la célèbre Centrale), l'art du roman (Susan enseigne la littérature américaine, mais elle est en année sabbatique). Chemin faisant, il sera beaucoup question de la façon dont le récit se déroule, John Barth insérant partout notes en bas de page, incises et citations, dissertations professorales et apartés ubuesques. Ce n'est pas pour rien que le bateau s'appelle Pokey : hommage à la fois aux deux grands hommes de Baltimore, Francis Scott Key, auteur de l'hymne national américain, et Edgar Allan Poe, qui écrivit Les Aventures d'Arthur Gardon Pym. Fenwick ne cache pas les innombrables parallèles possibles entre les deux navigations, les dangers qui guettent le Pokey, au même titre que les crevasses du pôle attendaient le navire de Pym. Et la CIA ne lâche pas facilement ses proies. Récit détaillé d'une navigation écrite par un écrivain au sommet de son art et de son humour, La Croisière du Pokey se déroule selon un tempo indolent et angoissé : hantise littéraire, goût du danger, obsession sexuelle bercent furieusement cet étonnant jeu des mots et de la mer.Traduit de l'américain par Michel Doury.