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L'amnistie dérange toujours. Elle a pourtant été régulièrement pratiquée en France depuis l'installation de la République, au lendemain des grandes crises civiles : la Commune, l'affaire Dreyfus, la Collaboration, la guerre d'Algérie. Elle a aussi servi de pratique de régulation pour mettre un terme à la périodique répression contre les opposants à la République une et indivisible : anarchistes, boulangistes, socialistes, communistes et indépendantistes de toutes sortes. Sa banalisation au travers de l'amnistie présidentielle lui a fait perdre peu à peu son sens originel : garantir la paix sociale et refonder l'unité nationale après la crise.En comparant la pratique française avec celle d'autres pays, on s'aperçoit qu'il y a une spécificité de l'amnistie liée à l'originalité du modèle républicain français et à certains caractères dominants de l'histoire nationale. Elément constructif de refondation au XIXe siècle, l'amnistie, dans nos périodes d'après Génocide et d'exaltation du devoir de mémoire, est presque devenue immorale. Ce livre veut faire le point sur cette pratique encore peu étudiée sur le plan politique et montrer que l'attitude face à l'amnistie est finalement révélatrice du rapport que les Français entretiennent avec la République.