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Pourquoi reconnaît-on une efficacité à une suite de paroles, comme « Je te baptise », ou « Ceci est mon corps » ? Est-ce, comme se le demandait Augustin, parce qu'on les dit ou parce qu'on y croit ? Quelle est la part, dans ce pouvoir des mots, de l'institution originelle, des conditions d'effectuation du rituel, de l'identité et des dispositions des protagonistes ? La vérité du signe dépend-elle de la volonté du législateur ou de l'utilisateur, se maintient-elle en dehors de tout usage ?Comme le montre Irène Rosier-Catach dans cet ouvrage sans équivalent, les théologiens du Moyen Age ont longuement médité toutes ces questions, en s'appuyant sur les théories grammaticales ou sémantiques de leurs contemporains. A partir de la définition du sacrement comme « signe qui fait ce qu'il signifie », ils ont forgé la notion de « signe efficace », qui, dans sa dimension linguistique d'« énoncé opératif », est au cœur d'une véritable réflexion sur les actes de langage. Leurs analyses des formules sacramentelles, cruciales pour penser toute situation d'interlocution, constituent une contribution aussi fondamentale qu'historiquement méconnue à la sémiotique et la philosophie du langage. Irène Rosier-Catach est Directrice de recherches au CNRS et chargée de conférences à l'Ecole Pratique des Hautes Etudes. Spécialiste de l'histoire des théories linguistiques au Moyen Age, elle est l'auteur de nombreuses publications dans ce domaine, notamment La grammaire spéculative des Modistes (Presses Universitaires de Lille, 1983), et La parole comme acte (Vrin, 1994). Préface d'Alain de Libera