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C'est entendu : nous vivons dans une "société d'individus". On peut entendre ce diagnostic de plusieurs manières : d’un côté, l’individu serait un être absolument indépendant par rapport aux appartenances collectives ; de l’autre, on peut y voir le culte de soi et le développement de comportements narcissiques. Dans ces deux formes d’individualisme, l’individu ne trouve rien qui le dépasse pour lui imposer des cadres. Dès lors, comment inventer une politique fondée sur l’individu ? Car l’individu en société ne "tient" pas tout seul. Une politique de l’individu doit passer par le soutien : de manière générale, au niveau des politiques publiques, de manière locale, au niveau des politiques territoriales, et dans la liberté de se réaliser, c'est-à-dire d'être soi-même - ce qui suppose des politiques individualisées. Reconnaître la place des individus, c’est interroger les relations qui les unissent dans une même société. Si la gauche veut faire référence à la notion d’individu, elle doit au préalable s’interroger sur ces relations interindividuelles. Plus fondamentalement, la question du lien social doit devenir un objet politique, afin que les capacités et la protection de la vulnérabilité concourent à une véritable politique de l’individu. Fabienne Brugère est une philosophe française spécialisée en histoire de la philosophie moderne (XVIIIe siècle), en philosophie morale et politique, et en philosophie anglo-américaine. Elle est actuellement professeur à l'université Michel de Montaigne-Bordeaux 3, et a publié de nombreux ouvrages, dont Le Sexe de la sollicitude (Seuil, 2008) et Dictionnaire politique à l'usage des gouvernés (collab., Bayard jeunesse, 2012).