Prix public : 16,20 €
Ce numéro vise à rendre compte d'un paradoxe. Alors même que la diversification des formes familiales a été légitimée par la loi, l'idéal de la famille de deux enfants est aujourd'hui largement partagé. Pour autant, les manières d'être parent font l'objet d'une multiplicité de normes, plus ou moins contradictoires, et ce dès l'annonce de " l'arrivée " de l'enfant. D'un côté, le " naturel " est sans cesse convoqué pour qualifier l'enfant à naître et pour inviter à traiter les " besoins " des corps. D'un autre côté, la surveillance et la médicalisation, depuis la grossesse jusqu'à la petite enfance, n'ont pas reculé, dans une alliance réinventée entre la médecine et la psychologie. Les articles proposés dans le numéro mettent en lumière la prégnance de ces normes sociales, variables par ailleurs selon la classe sociale et le sexe. Ils montrent également comment le genre intervient fortement à la fois dans la division sexuelle des rôles parentaux, consacrant toujours le rôle " maternel " des femmes, et dans le travail parental qui participe fortement à la socialisation genrée des enfants. Comme en attestent les enquêtes empiriques exposées dans le numéro, l'exercice de la fonction parentale est encadré par de nombreux dispositifs, dont l'objet s'est étendu depuis une quinzaine d'années sous l'égide d'une nouvelle catégorie de l'action publique : la " parentalité ". En amont de la protection de l'enfance, mais aussi dans les politiques scolaires ou de prévention de la délinquance, le mot d'ordre de la " responsabilisation " des parents s'est imposé comme une nouvelle manière d'agir sur les pratiques parentales. Le numéro met ainsi au jour les conséquences potentiellement répressives de dispositifs de " soutien à la parentalité ". Enfin, il rend compte des recherches existantes sur l'homoparentalité et de leurs usages dans les débats publics étasuniens.