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Dans l’imaginaire européen, une douzaine d’animaux jouent un rôle plus important que tous les autres, formant une sorte de « bestiaire central ». Le loup en fait partie et en est même, avec l’ours et le corbeau, une des trois vedettes. Il occupe déjà cette place dans les mythologies antiques, depuis la louve romaine liée à l’histoire de Romulus et Rémus, jusqu’au loup Fenrir, dévoreur du dieu Odin et destructeur du panthéon nordique, en passant par de nombreuses histoires de métamorphoses et de loups garous. Ces derniers sont encore bien présents au cœur du Moyen Âge, même si la peur du loup est alors en recul. Les bestiaires, les fables et le Roman de Renart font du loup un animal plus ou moins burlesque, berné par les autres animaux et poursuivi par les chasseurs. Les paysans ne le craignent plus guère. Toutefois, la peur du loup revient à l’époque moderne. Les documents d’archives, le folklore en portent témoignage : désormais les loups ne s’attaquent plus seulement au bétail, ils dévorent les femmes et les enfants. L’étrange affaire de la bête du Gévaudan, dans les années 1760, constitue le paroxysme de cette peur des campagnes, qui ne disparaît que lentement au XIXe siècle. Progressivement, les contes, les fables, les livres pour enfants puis les dessins animés finissent par transformer le grand méchant loup en un animal qui ne fait plus peur à personne, pas même aux plus jeunes.