Prix public : 20,00 €
Depuis l'engagement occidental en Afghanistan et en Irak, le terme de "fixeur" (anglais "fixer") est devenu fréquent pour désigner, quasi exclusivement, des hommes qui rendent des services multiples aux journalistes et aux armées étrangères : à la fois interprètes, informateurs, guides, médiateurs, fournisseurs, chauffeurs, ils fournissent tout ce qui est nécessaire pour survivre et travailler en terrain hostile. Ce sont des intermédiaires, des arrangeurs qui possèdent de multiples savoirs et techniques. Leur principal domaine d'action se situe donc dans des situations de conflit qui exigent une intervention bilingue, entre deux langues mutuellement inintelligibles. Le fixeur n'est pas pour autant une profession ou un métier, mais une position très ancienne que l'on trouve déjà au Moyen Âge dans toutes les situations de rencontre entre langues : croisade, pèlerinage, prédication, commerce, mais aussi dans toutes les opérations de traduction. C'est l'homme (ou la femme) invisible de l'histoire littéraire - comme si les intermédiaires que sont les traducteurs n'avaient pas d'existence physique et historique. Comme si la circulation des textes n'étaient pas aussi une invention à l'action. Cet anachronisme assumé est une manière d'écrire au présent l'histoire de la littérature médiévale, de lui restituer les corps qui l'ont produite et transmise, ainsi que sa puissance politique. Il s'agit en somme de faire tenir ensemble histoire et littérature. Et de s'interroger sur les pouvoirs de la littérature.