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Ubu connu. Ou comment un auteur se trouve occulté par l'une de ses créatures. Ubu est roi. Ubu est un intime. Ubu est en butte à toutes les éditions, représentations, adaptations, traductions. Il est à la source du déséquilibre qu'on observe dans la connaissance de l'œuvre de Jarry, où un personnage, devenu mythique, condamne ses semblables à un purgatoire qui semblait ne pas devoir connaître de fin. Les deux derniers volumes des Œuvres complètes voudraient rendre accessible au public l'œuvre non ubuesque, considérable cependant, d'Alfred Jarry romancier, chroniqueur, poète et librettiste, traducteur, épistolier, une œuvre qu'Henri Bordillon juge, dans sa préface, «la plus injustement méconnue». De Messaline aux textes qui constituent La Chandelle verte, c'est un regard très particulier qui est porté sur l'Histoire : qu'il s'agisse d'histoire antique, réinventée avec Messaline et Léda, ou de l'histoire à venir - pensons au Surmâle, publié en 1902 mais censé se dérouler en 1920 -, Jarry s'approprie le temps historique et veut nous imposer, à sa place, l'œuvre éternelle. C'est là l'une des leçons de Mallarmé : «Tout, au monde, existe pour aboutir à un livre.» À travers cette volonté de tout ramener à la littérature, à travers ce défi lancé à l'Histoire, ce qui est visé c'est l'éternité de l'Art.