Prix public : 66,50 €
Les deux romans réunis dans ce volume ont été écrits dans la période où Céline est livré à ses pires furies, où la figure trouble du pamphlétaire antisémite prend le pas, auprès du public, sur l'image de romancier novateur qu'avaient imposée Voyage au bout de la nuit et Mort à crédit. Casse-pipe et Guignol's band forment pourtant la partie la moins sombre de l'œuvre de Céline ; ils sont le lieu où le ressentiment et la provocation le cèdent au rire et à des thèmes «positifs». Au vrai, les écritures polémique et romanesque sont en partie concomitantes : Céline suspend en effet la rédaction de Casse-pipe afin d'entreprendre celle des pamphlets ; mais, de 1940 à 1944, il écrit Guignol's band en ne s'interrompant que de temps à autre pour donner à la presse de courts textes polémiques. On peut ainsi parfois lire, sur un même feuillet manuscrit, le brouillon d'un article, au recto, l'esquisse d'un passage du roman en cours, au verso. Simultanéité des rédactions ; écart considérable des tonalités : la question du rapport qu'entretiennent les deux séries d'œuvres est ici éclairée d'un jour nouveau. Mort à crédit rendait compte des impressions liées à l'enfance ; Casse-pipe devait initialement décrire l'ensemble de l'expérience militaire ; Guignol's band est le roman de Londres : ce triptyque, le «cycle de Ferdinand», a été conçu en 1934. Sa gestation fut difficile, sa rédaction chaotique, sa publication en partie posthume. Là gît l'un des apports essentiels de cette édition : Guignol's band II ne vit le jour qu'en 1964, sous le titre Le Pont de Londres et dans une version tirée d'un état provisoire du texte, état jugé sévèrement par Céline lui-même. Ce volume procure, pour la première fois, le dernier état du texte revu par son auteur, en près de 200 pages qui sont la transcription inédite de la dernière mise au point réalisée à Copenhague en 1945-1946. En appendice figurent des documents, eux-mêmes parfois inédits, qui donnent une idée de ce que devait être la suite, jamais achevée, du roman. Avec l'appareil critique, ces documents renouvellent notre connaissance de l'œuvre ; ils contribuent à celle que nous avons de son auteur.