Prix public : 81,00 €
Ronsard (1524-1585) est resté, malgré lui, le poète des Amours Mais les Œuvres complètes possèdent une ampleur qui frappe au premier coup d'œil. La poésie amoureuse n'a jamais étouffé ni la poésie lyrique, ni la grande rêverie cosmologique, ni même l'inspiration militante des Discours des misères de ce temps. Ronsard ne cessa en fait de rechercher une poésie totale dont le modèle classique et renaissant était l'épopée. De cette ambition naquit La Franciade, qui demeura inachevée : le siècle de Charles IX et d'Henri III n'était pas celui d'Auguste. Ni la philosophie, ni la religion, ni l'histoire, ni, bien sûr, la musique ne lui sont étrangères ; rien n'est inégal à la poésie dans l'esprit de cet homme chez qui génie et culture se rejoignent et s'harmonisent pour produire un langage dans lequel André Suarès voyait «la pensée de la nature qui a pris conscience». L'œuvre est donc chatoyante, c'est ce «pré de diverse apparence», qui, de l'avis même de ses contemporains, confère à Ronsard l'entière possession de la palme que les Anciens, Homère, Pindare, Virgile, avaient partagée. Conscient d'une variété qu'il compare à un paysage tout en contrastes, le poète, en multipliant les éditions collectives de ses œuvres, assigne un ordre à la diversité et veille à la perfection de sa poétique. Ces éditions sont autant de monuments dressés contre le chaos, contre le temps, contre la mort, dont Ronsard sait qu'elle le guette mais à qui il dérobe le meilleur de lui-même, son Livre. La dernière collective parue de son vivant, celle de 1584, ajoute ainsi à ses qualités matérielles une indéniable valeur testamentaire. Elle constitue l'ultime témoignage d'une poétique de l'édition, et l'aboutissement d'une quête, celle de l'immuable.