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Les premiers nomades des steppes ont joué un rôle majeur dans l'Histoire. Éleveurs, cavaliers, guerriers, appelés Scythes par les Grecs, ils parcouraient la vaste lande herbeuse qui, du fleuve Jaune au Danube, dessine entre Asie et Europe un immense trait d'union. Leur mode de vie radicalement mobile a entraîné une perception autre du monde. Face aux arts de l'Antiquité classique qui privilégient la représentation de l'homme, ils ont laissé un précieux patrimoine d'images et de formes vigoureuses, dans lequel la postérité a largement puisé. Doté d'un immédiat pouvoir de séduction, l'art des steppes donne à lire l'animal. Mais c'est de l'homme qu'il parle et le rapport au monde du nomade qu'il exprime. Écriture, il procède par figures de style et sait jouer des redondances et des allitérations aussi bien que de l'ellipse, disloquant au besoin la syntaxe pour aller droit au sens. Les formes, elles, sont conçues pour la détente ou le rebond. Faites pour investir un espace ouvert et sans cesse à conquérir, elles sont figures du fluide - boucles, sinuosités, enroulements - et donnent la préférence à la ligne sur le volume. À l'inverse de l'art des sédentaires, elles proclament la primauté de l'espace sur le temps. En s'accoutumant à les lire, le regard constamment sollicité et d'abord désemparé apprend à maîtriser le mouvement et à s'approprier un espace sans limites ni repères. L'art des nomades exprime la connivence profonde d'un mode de vie et d'un monde de formes. Parfaitement original, il exigeait d'être traité pour lui-même. L'étudier, comme on l'a fait, dans l'ombre des grandes civilisations sédentaires, Grèce, Iran, Chine, ou le borner à un seul pays, ne peut que le dénaturer. Dans la longue suite de réhabilitations qui fait l'histoire des arts, celui des nomades antiques prend sa place. Les images y sont ici pour beaucoup, qui, largement inédites, ressuscitent l'éclat de ce patrimoine vagabond.