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On découvrira dans le premier tome la respiration continue et profonde d'un créateur qui multiplia les essais autour de quelques problèmes capitaux : où est le véritable amour, et comment faire jamais face à l'infini du désir ? À quelles fins l'art peut-il servir ? Quelle est cette chose insaisissable qu'on appelle «monde réel» ? Et «quel est celui qu'on prend pour moi» ?1935-1945 : la décennie couverte par le tome II voit se multiplier les combats, et des drames qui dépassent l'échelle de l'œuvre littéraire d'un individu. Jamais peut-être le génie d'Aragon ne fut plus grand qu'au cours de ces dix années, où sa vie aura plusieurs fois basculé et où il sut, avec le sang-froid du militant et le recul de l'écrivain, marier sa propre histoire à de terribles circonstances.Le tome III réunit Aurélien et Les Communistes, qui se nouent l'un à l'autre en plus d'un point. En même temps qu'il écrit la partie des Communistes qui concerne la débâcle de juin 1940, Aragon ajoute à Aurélien un «Épilogue» dans lequel le personnage, officier vaincu de 1940, retrouve Bérénice - pour la perdre aussitôt, définitivement. Dans l'un et l'autre roman, l'Histoire se mêle de l'histoire d'amour. À Aurélien et Bérénice pris dans la folie qui suit la Grande Guerre répondent Cécile et Jean exposés au déchirement des années 1939-1940. Tome IV : Les deux dernières parties des Communistes forment le récit de la débâcle provoquée par l'attaque allemande du 10 mai 1940. Le cycle du Monde réel s'achève là. Aragon va confier au passé la tâche de nous parler du présent. «Les Rendez-vous romains» décrit les tourments artistiques et amoureux de David d'Angers au lendemain de la défaite de Napoléon. La Semaine sainte - qui «n'est pas un roman historique» - retrace la fuite de Louis XVIII devant l'Empereur en 1815 à travers le périple de Géricault. Suivra, en 1964, «Le Mentir-vrai» dont le mot d'ordre pourrait être la scission entre vérité et roman. Tome V : Dans La Mise à mort, deux rivaux semblent aux prises, si ce n'est que l'un n'est sans doute qu'une image de l'autre. Dans Blanche ou l'Oubli, le narrateur invente une jeune femme, Marie-Noire, chargée d'arracher à l'oubli la femme qui l'a quitté, Blanche ; chaque personnage, imaginaire ou imaginant, se prétend bientôt le créateur de l'autre. Dans Théâtre/Roman se succèdent deux narrateurs, l'Homme de théâtre et l'Écrivain ; mais «est-ce un acteur qui rêve au jeune homme qu'il fut», ou l'inverse ? «À votre choix», dit Aragon. On comprend que Philippe Forest rappelle dans sa notice la parabole de Tchouang tseu : le sage endormi rêve qu'il est un papillon, et se demande une fois éveillé s'il n'est pas plutôt un papillon rêvant qu'il est un sage. D'une stupéfiante liberté formelle, les trois derniers romans d'Aragon, ici accompagnés des nouvelles les plus tardives du Mentir-vrai, sont des songes partagés. «La première fois qu'Aurélien vit Bérénice, il la trouva franchement laide» : l'incipit d'Aurélien, ce roman de l'amour impossible paru en 1944, est dans toutes les mémoires. La première phrase des Communistes (1949-1951) mériterait aussi d'être citée, mais elle fait quinze lignes, et l'évocation du déferlement des réfugiés espagnols en 1939 n'a pas eu l'honneur de figurer dans les anthologies. Faut-il crier à l'injustice ? Sans doute aucun grand livre n'est-il jamais assez lu et relu, même Aurélien. On conviendra du moins qu'il fallait de l'audace pour inscrire au titre d'un roman le nom de ceux qui connaissent l'opprobre au début de la guerre froide. Et l'on comprend que le titre ait pu desservir le livre, au point de faire oublier qu'il appartient, comme Aurélien, au cycle du Monde réel, dont il constitue la fin. Aurélien et Les Communistes se nouent l'un à l'autre en plus d'un point. En même temps qu'il écrit la partie des Communistes qui concerne la débâcle de juin 1940, Aragon ajoute à Aurélien un «Épilogue» dans lequel le personnage, officier vaincu de 1940, retrouve Bérénice - pour la perdre aussitôt, définitivement. Dans l'un et l'autre roman, l'Histoire se mêle de l'histoire d'amour. À Aurélien et Bérénice pris dans la folie qui suit la Grande Guerre répondent Cécile et Jean exposés au déchirement des années 1939-1940. Quant au titre des Communistes, il faut l'entendre au féminin : ce sont les femmes communistes que l'on voit, décrites au ras du réel, reconstituer un parti et un journal clandestins. Une question plane - pourquoi le pacte germano-soviétique ? - qui fait battre le cœur du patriote Aragon. Alors que penser de ces Communistes ? Prendre «parti» ? chacun est libre de le faire, mais non sans avoir lu. Ce troisième tome contient le plus connu et le moins lu des romans d'Aragon : Aurélien et Les Communistes, fin du cycle du Monde réel.