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En 1680, dans son Dictionnaire français contenant les mots et les choses Pierre Richelet définit le libertinage comme «dérèglement de vie. Désordre». Dérèglement est le mot. C'est à travers lui, c'est à travers cette rencontre du libertinage et du dérèglement que le roman libertin du XVIIIᵉ siècle s'approprie la peinture des plaisirs. La littérature romanesque n'est-elle pas la zone franche de la littérature comme le sexe est la zone franche du corps ? Licence effrénée du roman. Il dérange les codes, renverse les usages, provoque les censeurs. Il est par excellence l'Irrégulier. «Femmes et filles plongées dans le désordre», il est impossible de garder «un silence profond sur vos dérèglements» écrit Diderot, qui fait parler les bijoux pour faire entendre au monde tout son dérèglement. Chaque roman libertin rejoue à sa manière le jugement porté sur Le Portier des Chartreux : «Enfin toutes les règles du roman sont violées dans celui-ci : religion, mœurs, honnêteté, vérité, vraisemblance, rien n'est ménagé.» Si le roman a jamais eu de règles, s'il a souhaité s'en donner, les voici réduites à rien. Le libertinage vient. Professeur à l'université de Paris VIII-Vincennes-Saint-Denis, Patrick Wald Lasowski se partage entre l'étude de la littérature libertine du XVIIIᵉ siècle et celle du roman français du siècle suivant.