Prix public : 26,00 €
Depuis l'invention de la photographie, les moyens modernes de reproduction et de diffusion de l'image des personnes ont creusé une spectaculaire dénivellation entre celles qui sont reconnues par un grand nombre de gens qu'elles-mêmes ne connaissent pas et les autres, qui reconnaissent sans être reconnues. Cette dissymétrie crée un «capital de visibilité», dont les détenteurs forment une catégorie sociale à part entière, une nouvelle élite. Comme la «lettre volée» d'Edgar Poe, ce phénomène crève les yeux tout en demeurant largement invisible et peu objectivé : situation d'autant plus paradoxale s'agissant de la capacité de certains d'être vus plus que d'autres. Son expansion durant tout le XXᵉ siècle en fait pourtant un trait majeur de notre modernité, un «fait social total», au sens de Marcel Mauss, que Nathalie Heinich traite ici dans toutes ses dimensions : technologiques, historiques, sociologiques, économiques, juridiques, psychologiques et morales. Après L'Élite artiste, où l'auteur analysait l'essor des artistes créateurs au XIXᵉ siècle en tant que nouvelle élite démocratique fondée sur la singularité, De la visibilité explore, en se gardant de tout jugement moral, l'assomption de l'élitisme médiatique au XXᵉ siècle, qui fait reposer l'excellence sur la seule visibilité. S'il existe des effets de démocratisation dans l'accès à la célébrité, celle-ci demeure avant tout le privilège d'une élite. «L'inégalité dans l'interconnaissance est l'une des formes les plus simples et les plus fondamentales d'inégalités. Trop simple pour avoir été remarquée ?» De la visibilité explore, en se gardant de tout jugement moral, l'assomption de l'élitisme médiatique au XXᵉ siècle, qui fait reposer l'excellence sur la seule visibilité.