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Devant le spectacle de ce qui pourrait ressembler à l’étalage d’un quotidien désolé, deux attitudes possibles : ou bien on s’empresse d’aller voir ailleurs en faisant comme si nous n’avions pas été là, n’avions rien remarqué et retenu ; ou bien on s’emploie à désamorcer le pire en le détaillant dans chacune de ses manifestations, sans détourner les yeux ni désespérer tout à fait d’en voir quelques-unes se convertir en épiphanies. Dans le cas de ces villes en -ange arpentées avec assiduité, il ne s’agit plus depuis longtemps d’organismes en train de s’étioler ou de lentement mourir, mais bien de l’apparence que peuvent prendre ou ont prise les corps défunts. Car ce ne sont plus des blessures à vif que l’on a sous les yeux, comme ce pouvait être le cas il y a un quart de siècle, au moment des licenciements massifs, des fermetures d’usines et des cessations d’activité, mais des plaies plus ou moins adroitement refermées, des paysages cicatrisés de force et donc pacifiés. Quelle que soit l’importance des traces, reliques, vestiges qui s’y laissent encore dénombrer ou deviner. Les convalescences ont de ces lenteurs. Gilles Ortlieb «Dans le cas de ces villes en -ange arpentées avec assiduité, il ne s’agit plus depuis longtemps d’organismes en train de s’étioler ou de lentement mourir, mais bien de l’apparence que peuvent prendre ou ont prise les corps défunts.»