Prix public : 19,80 €
Dans ce journal d’écrivain, l’essentiel qui revient à chaque page, ce sont les questions existentielles : la littérature et l’écriture, encore et toujours. Qu’est-ce que c’est, être un écrivain ? Une autre de ses qualités réside dans la profondeur des analyses littéraires des livres que lit Viviane Forrester : Kafka, Virginia Woolf, Proust, Malcom Lowry. Par exemple, sur Hemingway : « le monde est un grand hôtel dont les personnages d’Hemingway sont les clients ». Mais elle décèle aussi tout ce qu’il y a de faible, selon elle, chez Mauriac, d’un peu faux chez Sartre, Bataille, Blanchot… Nous sont présentées les années de l’Occupation, ineffaçables : les persécutions, la fuite à Pau puis à Madrid ; la figure du père, homme riche, puissant, redoutable. La période que couvre ce journal est celle où l’auteur, qui habite rue de Rivoli, en face des Tuileries, est mariée au peintre néo-zélandais John Forrester ; où leur couple, aussi, va se déliter. Les personnages du monde littéraire apparaissent, ce sont d’abord ceux qui publient chez ses éditeurs : Maurice Nadeau, Geneviève Serreau, les Dalmas… Octavio Paz, par exemple, est impliquée dans une scène de jalousie qui a pour protagonistes John Forrester, Bona, Viviane et Octavio. Puis survient le moment où les Forrester n’ont plus d’argent. Le peintre part pour l’Australie, mais, trop malheureux, revient aussitôt. Sans un sou de côté, Viviane Forrester raconte comment elle est obligée de faire des traductions et des critiques pour survivre. Un véritable récit se dégage de ces pages, où la vie passionnante de Viviane Forrester se révèle sous un jour très inattendu, qu’il s’agisse de la femme engagée dans sa passion pour l’écriture et pour les livres, ou de son mariage avec le peintre John Forrester, qui la propulse dans le bouillonnant milieu artistique de la fin des années 1960. Le style net et lumineux décrit sans complexe ces années difficiles et passionnantes où, bien que vivant dans une grande gêne financière, celle qui se sentait « écrivain avant la naissance » va enfin naître au monde qu’elle attendait ardemment, celui des gens de lettres.