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L'homme Moïse et la religion monothéiste occupe dans l'œuvre de Freud une place particulière. Texte le plus contesté pour sa reconstruction des origines du judaïsme, du christianisme et de l'antisémitisme, il suscita les plus fortes hésitations chez son auteur même, qui balançait à le qualifier - était-ce un roman historique ou l'analyse appliquée à l'Histoire ? -, voire, alors que triomphait le nazisme, à le publier. Il répondait pourtant chez Freud à la double et impérieuse nécessité d'obéir à l'injonction qui lui avait naguère été faite par son père de revenir à la Bible et d'expliquer pourquoi, bien qu'incroyant, il se sentait si juif.Concluant qu'un «caractère national» peut se transmettre «indépendamment d'une communication directe et de l'influence de l'éducation par l'exemple», Freud posait donc que la «judéité» se perpétuait «dans le sang et dans les nerfs» indépendamment du judaïsme, que la première était interminable quand le second pouvait être terminé.Mais la vraie conclusion à laquelle était parvenu Freud, s'interroge Yosef Hayim Yerushalmi, ne serait-elle pas plutôt que la psychanalyse, cette «affaire juive» dont parlait son fondateur, était le prolongement du judaïsme dépouillé de ses manifestations religieuses illusoires, bien que conservant ses caractéristiques monothéistes fondamentales ? Somme toute, «juif sans Dieu», comme il aimait à se définir, Freud ne voyait-il pas dans la psychanalyse un judaïsme sans dieu ? «Juif sans Dieu», comme il aimait à se définir, Freud ne voyait-il pas dans la psychanalyse un judaïsme sans dieu ?