Prix public : 38,00 €
L'esthétique du Grand Siècle est d'ordinaire associée aux valeurs d'harmonie, de rationalité, de bon goût. Elle incarne aussi, dit-on, le triomphe de la culture sur la nature. En réalité, ces clichés ne font que momifier le classicisme et affadir des œuvres plus tourmentées qu'il n'y paraît. Michel Jeanneret prend le contre-pied de la vision officielle pour restituer le visage anxieux de l'art classique, son face-à-face avec la violence et l'animalité. Arpentant le parc de Versailles au moment de sa genèse, il découvre les traces d'une nature rebelle : monstres, matière en gestation, drame cosmogonique. Observant les spectacles de cour, il montre qu'eux aussi visitent le monde d'en bas : fantasmagories, faune grotesque, instincts primitifs. L'auteur interroge les «grands classiques», témoins d'une crise profonde dans les comportements, pour déceler les causes de cette inquiétude. L'avènement d'une société libérale, fondée sur la défense des intérêts personnels, menace de déstabiliser l'ordre traditionnel et de plonger la collectivité dans le chaos. En révélant la part d'ombre de la culture du Grand Siècle, ce livre lui rend toute son envergure et montre que si elle peut encore nous toucher, c'est qu'elle mène un combat vital contre l'horreur. Michel Jeanneret est professeur honoraire à l'université de Genève. Lauréat du Grand Prix de l'Académie française pour le rayonnement de la langue et la littérature françaises en 2008, il a publié de nombreux ouvrages, parmi lesquels Éros rebelle. Littérature et dissidence à l'âge classique (Seuil, 2003).