Prix public : 35,00 €
Dans ce livre de 2003 devenu un classique, Timothy Snyder retrace, sur une durée de plus de quatre siècles, la construction et la reconstruction de l’idée de nation dans l’Europe du Nord-Est. À l’orée de l’ère moderne, en 1569, la création de la République polono-lituanienne, dite aussi des Deux Nations, couvrant les territoires polonais, bélarusse, ukrainien et balte actuels, correspondait à une vision de la nation ouverte, fondée sur la citoyenneté et tolérante envers les langues et les religions. Elle acceptait en outre les diverses allégeances politiques en vigueur sur ces territoires. Selon l’historien américain, cette formule s’est brisée avec la révolution polonaise de 1863 et l’émergence du nationalisme moderne, qui lui a substitué une conception de la nation ethnique, linguistique et religieuse. Cette dernière ne tardera pas à susciter d’innombrables atrocités, qui culmineront, pendant et après la Seconde Guerre mondiale, dans les provinces de Galicie et de Volhynie, avec les effroyables nettoyages ethniques réciproques entre Polonais et Lituaniens. La synthèse de cette histoire de longue durée, Timothy Snyder la trouve dans le fait que, quelque amère qu’ait été la reconstruction de ces nations, une politique polonaise sage et ambitieuse a abouti, après la chute du communisme, à l’abandon des revendications territoriales entre voisins orientaux, au gel des frontières issues de la décomposition de l’Union soviétique et à la construction de l’avenir par une intégration à l’Ouest (OTAN et Union européenne). Selon Timothy Snyder, le legs de la vieille République polono-lituanienne protomoderne reste ainsi visible à qui se donne la peine de regarder sous les cendres de la géopolitique moderne. Timothy Snyder est professeur à l’université Yale (États-Unis). Il a publié aux Éditions Gallimard Terres de sang (2012), Le Prince rouge (2013) et Terre noire (2016).