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Lorsque l’organisation de l’État islamique proclame le califat en 2014, elle signe le retour d’une institution à l’histoire plus que millénaire. Le calife, à l’origine simple successeur du Prophète de l’islam, devient une figure centrale du pouvoir, avec la mise en place de plusieurs dynasties califales : les Omeyyades à Damas, les Abbassides à Bagdad, les Fatimides au Caire, les Almohades à Marrakech, les Ottomans à Istanbul. Au fil des siècles, cette figure évolue : d’abord chef spirituel et temporel, le calife finit par n’être plus qu’un guide religieux, soumis au pouvoir d’un vizir ou d’un émir. Il subit tout à la fois la pression des oulémas et de l’armée, puis celle des puissances étrangères, avant de disparaître à l’issue de la Première Guerre mondiale. Malgré la suppression du califat en 1924, ce rêve d’unité de la communauté musulmane est toujours présent. Il signe l’échec de l’État-nation porté par le nationalisme arabe et le retour d’un panislamisme conquérant. Loin d’être l’expression d’un fanatisme local, il apparaît aujourd’hui comme un projet mûrement réfléchi, à l’enracinement historique. Mathieu Guidère est professeur des universités et agrégé d’arabe. Il a été tour à tour professeur résident à l’École spéciale militaire de Saint-Cyr, puis professeur détaché à l’université de Genève, avant d’être nommé professeur d’islamologie à l’université Toulouse - Jean-Jaurès. Il a publié une trentaine d’ouvrages sur le monde arabe et musulman.