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Un matin , Pierre entend les sirènes qui se mettent à hurler. Il se précipite à la cave avec sa femme, Yvonne, et leurs trois enfants. Après deux jours de bombardement, ils se retrouvent dans une ville entièrement rasée, inhabitable et ils s'enfuient. C'est d'abord un long exode au sein d'une foule de plus en plus dense. Lorsqu'elle se heurte pour la première fois aux envahisseurs, une violente panique se produit, au cours de laquelle Pierre et Yvonne perdent leur plus jeune enfant. Ils quittent la route où s'écoule, encadré par les envahisseurs, le flot des fuyards. Ils traversent des régions dévastées, d'autres intactes, à la recherche d'une solitude où ils espèrent trouver un abri. Ceux qu'ils rencontrent les accueillent ou les chassent. Tous s'étonnent de les voir s'épuiser à la recherche d'une impossible sécurité. Ayant atteint les montagnes, Pierre et les siens s'arrêtent dans une vallée dont les habitants ont été déportés. Pendant deux ans, c'est ici qu'ils vont vivre, parfaitement séparés du monde, obligés de subvenir entièrement à leurs besoins. Pendant deux ans, ils lutteront contre leur solitude, mais ne pourront le faire que séparément. Les enfants se réfugient, l'un dans le rêve, l'autre dans la révolte. Pierre essaie de s'absorber dans ses besognes et dans un dernier souci qui ne soit pas égoïste : celui de conserver intacte une fresque ancienne découverte dans une chapelle. Yvonne finit par se réfugier en Dieu. Aucun ne trouve de véritable réconfort dans son amour pour les autres, car cet amour rencontre en eux-mêmes des obstacles grandissants que suscitent la peur, le désespoir, et aussi ce subit anéantissement de l'avenir que la solitude apporte avec elle. Enfin, ils retrouvent les hommes. Mais ce retour ne s'annonce pas sans amertume. Car les hommes sont restés tels qu'ils les avaient quittés. Cependant ils savent maintenant que ce qui fait leur raison de vivre est un bonheur auquel ils aspirent, mais dont ils ne connaissent que quelques signes : l'amour, à la fois exigeant et impossible, les liens qui les attachent entre eux, et de rares moments où il leur est donné de connaître une sorte d'état de grâce, que cette grâce leur soit dispensée par le spectacle de la nature, par la souffrance, par un objet qu'ils aiment ou dans un soudain mouvement du cœur qui les transporte vers ce qu'ils croient êlre Dieu.