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«"On peut vivre", disent Sacha et ses camarades, une petite communauté d'étudiants dans Leningrad assiégée - un siège qui durera plus de mille jours, de 1941 à 1943. On peut vivre, malgré le "pouvoir soviétique" que la guerre n'a rendu ni moins policier, ni plus humain. On peut vivre, malgré la faim, qui fait parfois des jeunes gens un gibier pourchassé par des trafiquants de chair humaine. On peut vivre, malgré le froid, qui descend parfois à - 40°C au fort de l'hiver. On peut vivre, parce qu'on a le courage, la jeunesse et, dans l'interminable tragédie, la gaieté et même l'insouciance. On peut vivre, même si on est obligé de truquer les paperasses offcielles pour utiliser les tickets d'alimentation des morts - il y en eut plus de cinq cent mille dans la ville. Des morts qu'on ne pouvait pas toujours "mettre en terre", comme la petite Sarah de dix-huit ans, dont son ami promène le corps dans la ville, sur un traîneau, sans trouver d'endroit où on puisse creuser la terre, trop glacée. L'adolescent finira par abandonner le mince cadavre à côté des momies égyptiennes, au musée de l'Ermitage...»Claude Roy.