Prix public : 27,10 €
Il ne s'agit pas ici d'un «Molière, l'homme et l'œuvre», mais exactement de l'analyse neuve, minutieuse et raisonnée de trois pièces - Tartuffe, Dom Juan et Le Misanthrope - qui représentent à la fois le centre d'une œuvre et le sommet d'une carrière, marquent un moment d'extrême concentration artistique et posent en termes complexes mais précis tout le problème de la création comique.Petit à petit, fragment par fragment, en faisant appel à la naïveté d'un spectateur idéal, Jacques Guicharnaud démonte méticuleusement le mécanisme d'un théâtre en train de se faire et de se défaire. La grande comédie se nourrit de l'échec des hommes, mais, quand elle devient théâtre complet, ne se nourrit-t-elle pas aussi de son propre échec ? Fondamentalement, la philosophie dominante du Grand Siècle (un essentialisme fort noir, malgré des élans de générosité) commande cet art de dérision ; or le rire s'épuise devant la conscience trop lucide de «la prison de l'être» ; sinon, il porte à faux. Derrière les masques de la farce ou sous les rubans des jeunes premiers d'intrigues élégantes, se révèlent des entités redoutables dont la comédie pure ne veut s'embarrasser. À force de postuler un certain théâtralisme de la vie, le théâtre bute contre sa propre matière : il atteint du coup ses œuvres les plus hautes, mais débouche aussi dans le silence d'un Racine ou, ce qui revient au même, sur la scène dépeuplée sur laquelle tombe le rideau du Misanthrope.