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Zone de repos ou Quinze jours de réflexion est un récit d'une facture originale, qui se déroule sur deux plans totalement différents, comme une espèce de contrepoint : d'une part, c'est une suite d'«histoires à dormir debout», de bouffonneries picaresques relatant les aventures d'une bande de poivrots fauchés qui passent leur temps à la recherche d'expédients pour se procurer de la vodka. Ces «histoires» ont aussi une morale qui les rattache au deuxième plan, on ne peut plus sérieux celui-là, de la «zone de repos». Il s'agit d'une prison des environs de Moscou où l'on enferme généralement pour une quinzaine de jours les individus ramassés sur la voie publique en état d'ivresse, ou bien qui ont fait l'objet, pour le même délit, d'une dénonciation de la part de leurs proches - le plus souvent leur propre femme - qui veulent se débarrasser d'eux pour quelques temps. Aussi cette prison a-t-elle reçu le nom de «dessoûloir». Félix Kandel s'y est retrouvé pour une tout autre raison : s'être joint à une manifestation de Juifs, à qui l'on refusait leur autorisation d'émigrer en Israël. Le dessoûloir est fort bien connu des Moscovites : trente-cinq hommes sont parqués dans chaque cellule (vingt mètres carrés), dans la saleté, la promiscuité, la puanteur. La nourriture est à l'avenant, mais ils ne pensent même pas à protester ou à se révolter. La philosophie du Moscovite moyen se résume à ceci : «Plus tôt on y sera, plus tôt on sortira», et chacun est prêt à y passer. Et l'auteur se demande comment il se fait qu'on traite ainsi, non pas des «ennemis du peuple», mais de simples citoyens, nullement criminels, coupables d'un délit véniel.