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«Une prise de position à l’égard de la pensée nietzschéenne» - soit une «explication» avec Nietzsche —, telle est la définition que Heidegger lui-même donne du présent ouvrage. Celui-ci réunit les leçons de 1936 à 1940, à l’université de Fribourg-en-Brisgau, ainsi que les digressions à partir du texte des leçons, développées entre 1940 et 1946. Publié en deux tomes - la fin du premier coïncidant avec la fin précipitée des cours au printemps 1940 -, l’ouvrage pourrait aisément être pris, sinon pour deux ouvrages distincts, du moins pour deux parties offrant respectivement une approche différente de la pensée de Nietzsche et du même coup un tournant de la pensée heideggérienne. La première partie (soit les leçons de 1936 à 1940) constitue spécifiquement une exégèse des énoncés nietzschéens et s’assigne pour tâche essentielle de démontrer, à l’encontre de toutes les interprétations des commentateurs antérieurs, que la notion de Volonté de puissance et la pensée de l’Éternel Retour du Même forment une totalité indissoluble et non pas une incohérence. Nietzsche n’est le philosophe de la Volonté de puissance que parce qu’il est le Docteur de l’Éternel Retour. Penser à fond l’Éternel Retour, c’est d’abord aller jusqu’à l’extrême nihilisme - selon Nietzsche, l’unique voie pour le surmonter. Mais que veut dire surmonter le nihilisme ? Est-ce seulement possible ? La réponse sera donnée dans la seconde partie, à partir de quoi la pensée de Nietzsche n’est plus seulement repensée selon ses données propres - mais dans un contexte à la fois actuel et plus lointain : à savoir dans quel sens nous en sommes à la fin de la pensée des Temps modernes et en quoi tout ce qui a précédé veut que nous assistions à la fin de la métaphysique occidentale. Celui qui la porte à son achèvement est précisément l’anti-métaphysicien Nietzsche. Penser à fond le nihilisme - penser à fond l’absence de fondement de la vérité de l’Être —, voilà seul qui peut fonder l’essence humaine. Si le nihilisme est insurmontable, parce qu’il répond au retrait de l’Être, en revanche, surmonter la métaphysique reste désormais la seule voie de la pensée : penser l’Être en dehors de la métaphysique de l’étant, c’est réapprendre à penser.