Prix public : 20,20 €
Dès son enfance, Hurtle Duffield se sait voué à la tristesse irrémédiable de ne pouvoir éprouver des sentiments «normaux». Il est fasciné par l'incompréhensible et secrète splendeur du monde que son regard découvre jusque dans les plus secrètes difformités de la création. Il a six ans lorsque ses parents le vendent à des gens riches qui n'ont pu mettre au monde qu'une fille laide et bossue. À jamais meurtri par cet arrachement, il reste cependant tout aussi étranger à sa nouvelle famille qu'à la première et ne songe qu'à sa vocation : la peinture. Il a désormais accès à la culture, aux musées, il fait avec ses parents adoptifs un long voyage en Europe. À dix-sept ans, la Première Guerre mondiale lui fournit le moyen de disparaître. Il revient plus tard à Sydney, connaît des débuts difficiles, puis l'amertume de voir ses œuvres achetées ppar des collectionneurs qui ne les comprennent pas. Beaucoup de femmes s'eprennent de lui, croyant voir en ce peintre distant et célèbre l'instrument de leur rédemption. Lui les aime comme il aime la terre, les plantes, le soleil ; ce qui le hante, c'est l'étincelle d'éternité emprisonnée dans les formes et les êtres. Il y a chez lui une aspiration au divin, doublée d'horreur pour la cruauté du Démiurge, qui sont les éléments caractéristiques de l'œuvre de Patrick White. Hurtle finira sa vie auprès de Rhoda, la pseudo-sœur infirme de son enfance. Une même verve mordante, une même passion de la lucidité les ont rapprochés. Il meurt terrassé par une attaque au moment où il allait atteindre dans ses toiles le bleu parfait, l'indigo décisif auquel il identifie Dieu. Dieu, l'artiste, le grand Vivisecteur.