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La violence est de tous les temps, mais elle paraît aujourd'hui partout. Pourquoi nos sociétés éprouvent-elles le besoin de se rapporter à elles-mêmes par le biais de cette catégorie fourre-tout, de cette notion vague et précise à la fois, bien réelle et pourtant illusoire, masque et révélateur d'une vérité plus profonde ? Et comment lutter contre la violence s'il est vrai qu'elle est intrinsèquement liée à la division du travail et au développement technologique des sociétés modernes ? Questions urgentes, et à poser à neuf. C'est dans l'aveuglement au rapport des faits de la violence et de leurs conditions d'apparition comme violence qu'opèrent les différents « discours » sur la violence que l'auteur analyse successivement : fantasmes de l'insécurité, théories de l'agressivité, discours du réalisme politique et de la porno-politique, incantations à la révolte et à la non-violence. Yves Michaud conduit une réflexion en profondeur sur la nature du social moderne : la « déréliction politique » dont parlait déjà Hannah Arendt, l'apparition d'un social divisé qui survit à sa propre division, la faille au cœur du consensus perdu, l'illusion évanouie du contrat social dont la reconstitution autoritaire suppose et implique la pire des violences : le totalitarisme.