Prix public : 9,90 €
Il s'agit ici d'établir une pensée de l'agir. En effet, la stature thématique et inaugurale que Descartes et Locke ont donné à la réflexion sur le soi, puis l'extension, grâce à Kant, de cette problématique réflexive au domaine pratique ne se sont opérées qu'au seul bénéfice de la philosophie morale et de la philosophie du droit. L'enchaînement de ces «deux moments de pensée» ne débouche sur aucune théorie de l'action - lacune qui contraste avec le statut accordé à la théorie de la connaissance. Or, sans théorie de la reconnaissance, point de théorie de l'agir. Paul Ricœur propose donc, dans ce qui demeure son ultime ouvrage, un «parcours de la reconnaissance». On passera donc de l'actif (reconnaître un quelque chose en général, verbe actif qui intervient dans l'ordre de la connaissance) au passif (le soi demande à être reconnu : je reconnais activement quelque chose, des personnes, moi-même, mais je demande à être reconnu par les autres). «Et si, par bonheur, il m'arrive d'être reconnu par les autres, la reconnaissance devient gratitude.» Ainsi se conduit une pensée de l'agir qui est «réflexion sur les capacités qui ensemble dessinent le portrait de l'homme capable». Paul Ricœur (1913-2005) s'est attaché à développer une herméneutique philosophique en dialogue avec nombre d'autres disciplines, dont la phénoménologie de la religion, la linguistique, la poétique, l'histoire, la psychanalyse et l'exégèse biblique.