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«Il n'existe en Europe qu'une seule affaire sérieuse, c'est la révolution.» Le mot est de Metternich en 1832. Dans la France de 1789 l'acception contemporaine du mot «révolution» se fixe : un changement politique violent, fondateur et mémorable. Pour plus d'un siècle, l'obsession révolutionnaire gagne toute l'Europe, du Portugal à la Roumanie et de l'Irlande à la Grèce. Il y a les révolutions sans révolutionnaires, ces changements fondamentaux accomplis sans activistes patentés ou convaincus : les surprises parisiennes (juillet 1789 ; juillet 1830 ; février 1848 ; septembre 1870), les révolutions brabançonne et liégeoise, ou bien encore la fondation de nouvelles nations (Italie, Allemagne, Roumanie, Tchécoslovaquie, Yougoslavie). Il y a ensuite les révolutionnaires sans révolution, dont l'échec est instructif à plus d'un titre : les soulèvements polonais de 1794, puis de 1830 à 1846 ; le soulèvement irlandais de 1798 ; les décembristes russes de 1825. Il y a enfin les victoires des révolutionnaires : la radicalisation de la Révolution française (octobre 1789 ; août 1792 ; juin 1793), les victoires libérales de la révolution belge de 1830 ou de la Suisse fédérale de 1830 à 1848, l'indépendance de la Grèce, la fondation de la République portugaise, de la République polonaise, la proclamation de la République d'Irlande, sans oublier le coup d'État bolchevik de novembre 1917. Qu'on explique les succès, à la manière de Tocqueville, par la rencontre entre causes profondes et événements fortuits, ou, à la manière de Lénine, par l'action conjuguée du mécontentement des masses et de l'impuissance des gouvernants, force est à l'historien de conclure : de 1789 à 1918, les motivations des révolutions européennes sont politiques ; elles n'ont qu'indirectement des conséquences ou des caractéristiques sociales. Elles sont, dans la plus grande partie du continent, en premier lieu nationales. Jacques Solé est professeur émérite d'histoire moderne à l'université des sciences sociales de Grenoble.