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En juin 1940, le groupe de grande reconnaissance 2/33 a perdu en de vaines missions dix-sept de ses vingt-trois équipages. À leur tour, Saint-Exupéry, capitaine pilote, et son observateur, le lieutenant Dutertre, sont convoqués par le commandant Alias. Leur tâche : «Survoler à 700 mètres d'altitude les parcs à tanks de la région d'Arras. - C'est bien embêtant...», dit le commandant. «Mission sacrifiée», pensent les intéressés. Ils obéiront pourtant «comme l'on sauve des rites lorsqu'ils n'ont plus de contenu». Cérémonial de l'habillage, gestes quotidiens du métier, c'est le départ et ce sera, entrecoupée par la nécessité de surveiller l'inhalateur, de lutter contre le palonnier gelé, de maintenir le contact avec les autres membres de l'équipage, entrecoupée par la chasse ennemie et la D. C. A., une longue méditation sur l'absurdité dans laquelle la France est plongée : absurdité de la machine administrative, des villages qui, de Dunkerque à l'Alsace, brûlent pour rien, de l'exode, de cet entêtement à jouer le jeu de la guerre, sans illusion, et à lui sacrifier les hommes. «Il faut que la signification de la mort équilibre la mort», et la mort ici ne signifie rien. Pourtant la France a bien fait d'accepter cette guerre, de refuser les raisons de l'intelligence qui lui prédisait le désastre pour écouter l'Esprit qui lui rappelait que chacun est toujours responsable de tous, qu'elle est responsable du monde et que son rôle est par ce sacrifice d'appeler le monde à la défense de la civilisation menacée. Quel est le sens de cette civilisation ? La plongée dans l'Apocalypse d'Arras, dont l'équipage sortira miraculeusement sauf, apporte la réponse.