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Les Cantiques spirituels datent de 1694. On y a vu «le chant du cygne» d'un homme qui, au soir de sa vie, découvre les vanités du monde en prenant conscience de l'harassante duplicité de sa propre destinée. Comme le souligne Jean-Pierre Lemaire dans sa préface : «La sagesse biblique et l'expérience personnelle parlent ici d'une même voix, avec une transparente autorité. On devine dans cette évidence de la langue, dans cette respiration affranchie au sein d'un mètre généralement court, les illusions et les intérêts qui furent dépassés au cours d'une longue carrière. La charité y est opposée aux autres mérites, le bonheur des justes au vertige de l'ambition, le charme vainqueur du monde aux vaines occupations des gens du siècle, comme ce qui demeure à ce qui disparaît. Le poète cependant ne triomphe jamais. Les Cantiques finissent plutôt sur le mode mineur. Seule la grâce pourra mettre fin à la guerre cruelle des deux hommes que Racine trouve en lui : le fidèle et le rebelle. Le poète a su donner à sa plainte un tel accent de conviction que Louis XIV, quand il l'entendit chanter, aurait confié à Mme de Maintenon : "Madame, voilà deux hommes que je connais bien".»