Prix public : 12,40 €
L'Occident n'a cessé depuis les origines de s'interroger sur la différence des sexes. Mais parle-t-on de l'homme et de la femme que l'on a encore rien dit : se réfère-t-on au genre - définition culturelle par des qualités morales, affectives, sociales... - ou au sexe - définition par des spécificités anatomiques ?Jamais, en effet, les deux notions ne se recouvrirent. Dès l'Antiquité, Aristote, par la définition de l'ordre des êtres, et Galien, par la définition du corpus anatomique, fondent le modèle du sexe unique, qui sera dominant jusqu'au XVIIIᵉ siècle, et dans lequel le genre définit le sexe.Au XVIIIᵉ siècle, émerge l'autre modèle de la différence sexuelle : le modèle des deux sexes, dans lequel, au contraire du premier, le sexe définit le genre : parce que, au niveau de l'anatomie comme de la physiologie, femmes et hommes sont incommensurablement différents, les genres définissent dès lors qualités, vertus et rôles selon des racines biologiques.Ces deux modèles, toutefois, ne se succèdent pas dans une histoire linéaire : dès le XVIᵉ siècle, des auteurs posaient l'irréductible différence anatomique ; au XXᵉ siècle encore, d'autres - tel Freud - pensent la sexualité selon le modèle du sexe unique... Les deux modèles coexistent dans le temps ; si leur prégnance sur les esprits peut être liée à des évolutions générales - économiques, culturelles, sociales - elle ne peut en aucun cas être strictement expliquée par celles-ci, et moins encore par les progrès de la connaissance anatomique qui se moulent le plus souvent dans les représentations dictées par chacun de ces modèles... L'Occident n'a cessé de s'interroger sur la différence des sexes. Mais parle-ton de l'homme et de la femme que l'on a encore rien dit : se réfère-t-on au genre (définition culturelle) ou au sexe (définition par des spécificités anatomiques) ? Jamais les deux notions ne se recouvrirent, rappelle Thomas Laqueur dans cet ouvrage qui demeure une référence majeure.