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Malédiction éternelle à qui lira ces pages est la rencontre de deux solitudes dans l'âpre métropole de New York. Un Argentin, vieux, malade, est promené dans un fauteuil roulant par un jeune Nord-Américain abandonné par sa compagne. L'Argentin est un ex-révolutionnaire que de longs séjours dans les geôles de son pays ont réduit à un état d'impuissance physique, mêlé de curieux troubles psychiques : s'il se souvient, par exemple, du lexique et des tournures des quatre langues qu'il a pratiquées, des bouleversements se sont produits dans les correspondances entre langage et réalité. Aussi croit-il que ses rêves nocturnes sont partagés par tout le monde, qu'un songe est un fait collectif. L'Américain, lui, posséderait un titre de professeur d'histoire mais il n'aurait jamais enseigné. Il aurait été barman, jardinier et tour à tour il affirme et nie s'être battu dans la guerre du Viêt-nam. Entre ces deux hommes, si dissemblables, une relation se noue, d'autant plus étroite qu'elle est nourrie de complicités, de suspicion, de hargne, d'accès de sympathie... Ils sont, tous les deux, des naufragés, et c'est à un duel verbal qu'ils se livrent en confrontant des souvenirs qui au fur et à mesure se modifient, en essayant d'avoir le dessus, de gagner maintenant la bataille perdue jadis, dans cette région irrécupérable du passé où ils furent - peut-être - un Argentin révolutionnaire et un soldat américain au Viêt-nam.