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Mikhaïl Bakhtine (1895-1975), professeur de lettres et historien de la littérature, a profondément renouvelé la conception du roman. Sa théorie cependant, loin de l’orthodoxie marxiste-léniniste, le condamna à être toute sa vie un paria en Russie soviétique. Pour Bakhtine, le roman, comme la poésie, est d’abord un phénomène du langage ; mais d’un langage qu’anime la parole, qui le charge d'intentions, et la parole, elle-même, n’est rien en dehors du dialogue. L’exploitation consciente et systématique des structures «dialogiques» du langage, de la «plurivocité» du mot, de la présence simultanée, dans un même énoncé, de la voix de l’auteur et de celle d’autrui - telle est la caractéristique fondamentale du discours romanesque. Seul genre littéraire constitué en contact avec la réalité et le devenir, il est un microcosme de langages divers. L'espace et le temps s'y organisent de façon particulière, en une structure (un «chronotope») examinée ici dans le roman grec et latin, la biographie antique, le roman de chevalerie, le folklore et le roman-idylle. Les deux grands facteurs de l'apparition du roman furent la culture du rire, antique et médiévale, et le cosmopolitisme de l'Antiquité tardive. Au rire est consacrée l'étude sur «Rabelais et Gogol» qui complète le grand ouvrage sur Rabelais et la culture populaire (L'œuvre de François Rabelais).