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Au moment où la littérature en langue jusque-là jugée «vulgaire» prend enfin la place qui lui revient dans la littérature chinoise, il nous a semblé indispensable de révéler un ensemble de contes qui, par son ancienneté, est l'un des premiers monuments de cette littérature de siao-chouo. Ce mot désigne aujourd'hui les romans. Alors, il évoquait surtout les contes, d'où allait sortir par enchaînement le roman chinois.Comme le dit A. Lévy, «le fait surprenant est le charme que ces contes excercent sur nous en dépit de la distance dans le temps comme dans l'espace». Moins surprenant si l'on se réfère au texte du XIIIᵉ siècle qu'il cite, un manuel du parfait conteur : «Quand vous parlez de la bassesse et de la félonie des traîtres au pays, emplissez les bonnes gens de colère, parlez des injustices et avanies subies par les loyaux serviteurs à faire pleurer un cœur de pierre ! Racontez des histoires de fantômes à glacer et faire frémir un prêtre taoïste ! Parlez d'intrigues féminines à faire pâlir et rougir d'inquiétude les dames ! [...] Ne vous attardez pas dans vos explications, ne soyez pas prolixes.» Les sept contes ici rassemblés, du XIIᵉ au XIVᵉ siècle, illustrent ces préceptes et c'est pourquoi ce fut en Chine, depuis leur découverte au début du siècle et leur publication en 1920, un succès de scandale et de librairie. Dans la concession de Shanghai, la censure française se mêla de condamner ces écrits, prétendument pornographiques, mais qui ne sont que juste assez humains pour passionner un lecteur européen du XXᵉ siècle.