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Quand la guerre éclate et que Georges Friedmann est mobilisé comme lieutenant, affecté à l'hôpital de Laon, il a trente-sept ans. Grand bourgeois, normalien, agrégé de philosophie, écrivain, marxiste des années trente, il a été l'un des compagnons de route les plus actifs du Parti communiste et un militant de l'antifascisme. Sociologue du travail industriel, il a ramené d'U.R.S.S., en 1938, De la Sainte Russie à l'U.R.S.S., qui a déclenché une retentissante polémique à l'intérieur du Parti. Le pacte germano-soviétique accélère la crise de conscience, dont ce Journal de guerre est le journal de bord. Cette crise, que plusieurs ont vécue, mais qui apparaît chez cet homme exceptionnellement honnête en pleine lumière, l'entrée en guerre de l'Union soviétique en juin 1941 l'a vite étouffée et la longue emprise du modèle communiste sur les intellectuels français en a fait oublier l'importance et le débat dont elle était porteuse. Jusqu'à ce que la récente décomposition de la vulgate marxiste «laisse la France intellectuelle privée de tout repère, prise de tournis», comme dit Alain Touraine dans sa préface. C'est le moment d'y revenir et d'en mesurer les enjeux. C'est ce qui fait de ce Journal de guerre, retrouvé dans les papiers de Friedmann après sa mort (1977), non seulement un document rare et éclairant, mais, pour Edgar Morin, «un document crucial dans l'aventure des intellectuels français de gauche, un témoignage clé de la métamorphose de notre siècle».