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«Ce tome second et dernier de mon Europe chinoise s'efforce d'expliquer le passage d'une sinophilie, dont le tome premier manifesta les causes et parfois les outrances, en une sinophobie qu'aggrava la suppression (provisoire mais efficace) de la Société de Jésus. Sinophobie qui progressera jusqu'à la veille de la Révolution, séduisant jusqu'aux meilleurs esprits, ceux-là précisément que l'on pouvait espérer "forts". Curieux phénomène, que j'ai pu élucider grâce aux irremplaçables documents du Fonds Tournon que la Fondation Cini (de Venise) me fit l'honneur de mettre à mon exclusive disposition. Me voici donc, sans qu'on m'en doive louer, le premier à pouvoir comprendre pourquoi les deux émissaires du Saint-Siège, Mgr de Tournon et Mgr Mezzabarba subirent en Chine les pires mésaventures. Mes lecteurs comprendront aisément que "mésaventures" est un extrême euphémisme. C'est que le Saint-Siège se refusait avec véhémence à tout enchinoisement de la chrétienté ; ce qu'avait déjà prouvé la fameuse querelle des cérémonies chinoises. Cette malveillance n'empêcha pas la Chine d'éclairer l'Europe du XVIIIᵉ siècle dans l'ordre de la vie charnelle et de lui offrir, grâce à l'une de ses pièces de théâtre : L'Orphelin de la Chine, un thème dramatique dont j'examine le succès dans plusieurs pays. Mais comment ne pas pressentir, vers 1780, ce que sera bientôt le destin de la Chine ? L'ambassade de Macartney ne fut que la première tentative pour coloniser les Chinois ; mais il fallait d'abord en finir avec Napoléon. Quand celui-ci fut hors jeu, les canonnières de Sa Majesté commencèrent leur travail sur les côtes du pays barbare : le plus civilisé depuis les temps de la divination par l'achillée et les écailles de tortue.» Étiemble.