Prix public : 13,95 €
«Séduit et abandonné : le titre, emprunté ironiquement à la littérature de gare, résume bien le sens de ce roman profondément ironique. Son héros est un homme séduit (par la religion, par l'utopie du marxisme, par une femme, par des hommes) et abandonné (par tout et par tous). Son histoire personnelle se confond avec l'Histoire de son pays, lui aussi perpétuellement séduit et abandonné. Les deux participes passés de ce titre sentimental se transforment chez Jan Trefulka en catégories de la condition humaine analysées sans sentimentalité aucune. Joyeusement indifférent à sa notoriété, Jan Trefulka vit en Tchécoslovaquie, à Brno, cette grisâtre ville de province qui, sans jamais être nommée, joue un si grand rôle dans les romans de Musil. C'est là qu'a vécu Tonka, c'est là qu'Ulrich a rencontré Agathe. C'est là qu'avec une lenteur toute flaubertienne et avec un souci (tout flaubertien aussi) de chaque mot, Jan Trefulka se consacre à sa prose qui se distingue par un sens extraordinaire du réel, du quotidien, de l'ordinaire (ah oui ! Trefulka est flaubertien...). Son roman précédent, Hommage aux fous, m'a fait penser à Tolstoï qui, les derniers jours de sa vie, est parti pour un long voyage afin de fuir sa femme Sophie. Curieusement, c'est Hommage aux fous qui m'a rendu soudain compréhensible et proche la folle évasion du vieil écrivain russe et m'a rempli d'une étrange tendresse pour lui. Et pourtant le héros n'est pas Tolstoï : c'est un vieux paysan d'un village morave qui fuit sa vieille épouse. Car tel est le principe artistique de Jan Trefulka : les grands thèmes de la condition humaine (la fuite, la séduction et l'abandon), il faut les chercher et les saisir tels qu'ils se manifestent dans la vie des gens les plus modestes.» Milan Kundera.