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Ce livre, qui porte sur les rapports du politique et du religieux dans l'Islam des origines, relève de plusieurs niveaux de lecture.En première analyse, il s'agit de la reprise historique et critique de la période du califat primitif et, surtout, de la dernière phase - la Grande Discorde, la Fitna - qui a vu, pendant cinq ans et même davantage, se déchirer la «nation de Muhammad», la Umma. Période de crise et de guerres civiles qui aboutit aux grandes divisions de l'Islam en sunnisme, shi'isme, kharijisme.La passion islamique s'est fixée sur cette période matrice pour y puiser un sens, posant qu'elle a représenté le gouvernement véridique : celui du vrai et du légitime califat.Mais le califat primitif intéresse les musulmans modernes qui n'ont cessé de projeter sur cette source et cette référence le débat politico-religieux issu du choc avec la modernité et de l'indépendance des États nationaux : sécularisation de la politique et de l'État ou islamité ?A-t-on les moyens de reconstituer le jeu des facteurs : transformation de la société, évolution des forces politiques, approfondissement du sentiment religieux ? Le problème est ici posé par un historien tunisien qui, entre un modernisme simplificateur et une vision traditionnelle, a cherché à trouver vers cette période fondatrice de l'identité islamique un chemin qui fait de ce livre savant un pèlerinage existentiel.