Prix public : 17,80 €
«À Bristol, en 1850, Christopher rêve de voyage. En attendant il vend des boutons dans le magasin de M. Strawberry. Il y a toute une philosophie du bouton, hélas ! Ce qui est boutonné ne ressemble guère à ce qui ne l'est pas. En particulier, cela ne ressemble guère à l'océan. Quelquefois Christopher va boire du gin à la brasserie de Mme Edda, pour y «respirer l'odeur de la géographie». C'est là que le quartier-maître Alexandre Wittiker, qui a tué un homme à Santos, change de costume avec lui. Voilà donc Christopher habillé en quartier-maître, ce qui est enivrant. Mais Wittiker, s'il n'a pas laissé son âme attachée à ses hardes, y a laissé son identité. Le doux, le tendre, l'inoffensif Christopher va être jugé pour un crime qu'il n'a pas commis, par trois spectres de la vieille marine à voiles. Un crime dont le seul témoin est un perroquet. Diablement intelligent, il est vrai. Toute la poésie qui est dans Christopher passera dans sa défense, et il sauvera Wittiker comme un ange peut sauver un démon. Toutefois cette aventure lui coûtera vingt guinées, l'argent qu'il avait amassé pour son fabuleux voyage. Pauvre Christopher qui ne respirera jamais l'odeur de la géographie ! Dieu merci, Miss Georgia l'aime d'amour et elle sera son île déserte. Le Voyage est peut-être la plus belle pièce de Georges Schehadé. C'est toute une aventure de l'âme qu'elle raconte, avec une tendresse et une poésie merveilleuses. Faut-il la voir ? Faut-il la lire ? Il faut en tout cas la lire, car le bon théâtre est fait d'abord pour être lu.» Jean Dutourd. Nouvelle édition en 1990