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«On est prié de fermer les yeux...» La phrase (est-ce une injonction ? une recommandation ? une imploration ?) que Freud vit en rêve écrite sur la devanture d'une boutique, la veille des funérailles de son père, paraît surgir de la nuit des temps. D'où viennent les interdits qui pèsent sur le regard ? Qu'y a-t-il à voir de si terrible, pour que tant de mythes s'emploient tout à la fois à nous le cacher et à nous le révéler ? Quels sont ces liens qui se tissent entre le sexe, la mort et le sacré, autour des figures d'Orphée, d'Actéon, de Psyché, de Penthée, de Méduse, d'Œdipe, de Mélusine... ? Et pourquoi est-ce sur l'organe de la vue que pèse tout le poids du défendu ? Pulsion scopique, scopophilie, épistémophilie... ces mots ne suffisent pas à rendre compte de l'attrait de ce qui se dérobe, de la fascination mortifère redoutée, attendue. Il faut interroger la littérature, assumer la part de voyeurisme que nous assigne le regard aux aguets de l'écrivain, non pas pour s'y maintenir dans un attachement fétichiste au visible, mais pour garder intacte, vivante, vigilante, l'attente d'une révélation que rien ne viendra combler - et accepter cependant le risque d'être par elle anéanti.