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«Des perspectives tout à fait nouvelles me sont apparues dernièrement sur le "temps" au sens historique», écrit Georg Simmel à Heinrich Rickert le 13 décembre 1915. «S'il me reste assez de temps et de force pour les suivre jusqu'au bout, j'espère mettre en lumière quelques aspects fondamentaux restés obscurs et que la théorie de l'histoire, si je ne m'abuse, a jusqu'à présent laissés de côté. Mais qui peut aujourd'hui s'accorder un avenir ?»Georg Simmel n'aura pas le temps en effet d'achever ce «tout nouveau livre». Mais les trois essais parus entre 1916 et 1918 dessinent les contours d'une pensée renouvelée du temps et de l'histoire, qui porte la marque du «tournant vitaliste» dû à l'influence de Bergson autour des années 1910.La liberté avec laquelle Simmel remet en jeu ses propres élaborations théoriques, ses propres synthèses antérieures, trouve une fois de plus dans l'essai une forme particulièrement adéquate. Dans le style à la fois souple et rigoureux qui est le sien, Simmel ouvre ici des débats qui sont loin d'être clos, qu'il s'agisse du concept d'événement ou de celui de mémoire, de la discontinuité et des «blancs» de la chronologie historique ou de l'anachronisme, de la valeur de l'intuition et de l'empathie ou de la nature du document historique - en somme, de la question de savoir «comment les faits réels viennent former l'image scientifique que nous appelons histoire», et «combien de transformations, d'omissions et d'additions il faut apporter à la vie réelle, pour que cette image puisse se former». Les trois essais ici réunis (Le problème du temps historique, De la nature de la compréhension historique et La forme de l'histoire) dessinent les contours d'une pensée renouvelée du temps et de l'histoire, portant la marque du «tournant vitaliste» dû à l'influence de Bergson autour des années 1910.