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D'abord Diderot, car le théâtre concentre sur sa scène le paradoxe de la représentation. Représenter, en effet, c'est se substituer à un absent, vouloir lui assurer une présence effective. Transparence : la représentation s'efface devant ce qu'elle montre, c'est comme si la chose était là. Mais opacité aussi bien : en supplantant et en éclipsant la chose, la représentation en redouble l'absence. Alors, déception de lâcher la proie pour l'ombre, de substituer des fantômes à la chair, ou jubilation d'avoir gagné au change ? À moins que l'illusion ne soit inverse et que nous ne soyons victimes de la croyance en la chose même, en une présence sans médiation qui pourrait se passer de mots, d'images, d'idées.Le paradoxe de la représentation n'a cessé de tourmenter la philosophie, de Platon à Wittgenstein. Freud, en différenciant représentation de mot et représentation de chose, en affirmant l'existence de représentations inconscientes, accentue l'écart entre absence et présence. Avec lui c'est l'âme des hommes qui est scindée, vacance de soi et exil en l'autre.Serions-nous voués, comme cet enfant qu'il a su observer, jouant à faire disparaître et réapparaître une bobine tenue par un fil, à tenter que là-bas soit comme ici ? La représentation, la pensée, le langage seraient-ils notre inlassable Fort-Da ?